
« UN PRIX POUR LES
ARTISTES URBAINS »
L’image qu’ont les non-initiés des Street-artistes peut souvent se résumer à de simples vagabonds exprimant simplement des thématiques qui les touchent. On en oublierait qu’il s’agit souvent de dénoncer des injustices sociales ou des problèmes existants et, à la différence des artistes dits « conventionnels » que les artistes urbains sont dotés d’une liberté quasi-totale pour leur créativité. Si le public à qui leurs œuvres sont censées être destinées peut ne pas y prêter attention, certaines infrastructures commencent à s’y intéresser de près, en voulant même récompenser l’effort des artistes.
Durant le mois d’octobre, Open Graffiti a organisé un Prix du graffiti et du Street art, dont l’exposition a eu lieu à la Manufacture 111, en y imposant le thème de l’écologie, en concordance avec l'entrée en vigueur de l'accord de Paris sur le climat, avant la COP22. Cédric Naimi en est le créateur. L’idée était pour lui que le concours devait être un tremplin pour des artistes moins reconnus et que ces derniers « soient exposés dans un bel endroit ». Au nombre de 60, ils ont présenté leur perception de la problématique actuelle qu'est la sauvegarde de l’environnement. Tous ont ainsi tenté de donner un message aussi touchante que percutant.
Si l’idée semble être une initiative intéressante et méritante, le cadre du concours donne paradoxalement certaines contraintes et limites aux artistes, notamment au niveau du support et du lieu de travail. Habitués aux murs de leur ville ou de leur quartier, leur œuvre sera limitée sur une toile traditionnelle ou une vitrine. C'est avant tout pour permettre une diffusion plus pratique des œuvres, dans un style contemporain et dans un cadre somme toute, assez conventionnel. De plus, les artistes ne travaillent pas dans la rue comme ils le font d’habitude, mais en intérieur, chez eux, ce qui peut influencer la créativité de certains, éloigné en quelque sorte de leur zone de confort.
Le premier prix du concours a expliqué dans une interview pour 20minutes : « Ce n’est pas la même vision. Là j’ai travaillé chez moi, alors qu’en temps normal, le Street art engage le public autour. C’est comme une sorte de show pour les gens qui passent ». Enfin, l’organisateur lui-même y voit une sorte de contradiction : « Le graffiti, c’est tout sauf institutionnel. Je comprends que certains n’avaient pas envie de participer. »
Ceci dit, au-delà de tous ces points soulevés, le concours n’était pas dépourvu de participants. Crey 132, Rabuss et Kristx, ont remporté respectivement les 1ère, 2e et 3e places du concours.
Le premier a « taggué » sur la tête d’un éléphant des slogans et phrases tels que « Don’t kill me », « Wildlife », « Stop it », « Give me hope », etc, pour « matérialiser ce qu’il pourrait y avoir dans sa tête ».
Sur la toile du deuxième prix, un gorille et un homme, soutenu par des soigneurs sont sur un ring de boxe, symbolisant le combat de l’Homme, voire de la société contre la nature ; pour Rabuss, une société « qui nous a habitués au manque de naturel ».
Un combat également présent sur l’œuvre de la troisième artiste, qui est conçue en deux toiles mises en face à face, l’une représentant un homme portant un masque à gaz, le protégeant de la pollution, l’autre dépeignant un singe, n’ayant pour seul moyen de protection que ses dents acérées.
Néanmoins, les œuvres des autres participants ont également pu être exposés à la Manufacture 111, à la vue des visiteurs intéressés, qui pourraient éventuellement être interpellés par le message véhiculé sur l’environnement. Il est possible d’aller voir la plupart de ces œuvres sur l’Instagram du Prix du graffiti et du street art en cliquant ci-dessous.

