
COP-21 ET STREET-ART ENGAGE
Dans un monde de plus en plus numérisé, rares sont ceux qui utilisent encore les journaux papiers comme seul moyen d’information. La publicité, la diffusion d’opinion et d’information a dû trouver d’autres voies pour atteindre un public plus large et hétéroclite. Internet est incontestablement le plus évident d’entre eux, mais malgré tous ses avantages et la grande liberté qu’il offre, ce n’est pas un support tangible. Hors dans le cas des effets des changements climatiques il est difficile de sensibiliser un vaste public à des problèmes dont les conséquences sont presque invisibles au quotidien. Les campagnes sont pourtant partout dans nos rues ou à la télévision mais notre attention n’est souvent que peu captée par ces rapides slogans. La COP-21 qui s’est tenue à Paris du 30 Novembre au 12 Décembre 2015 a donc été l’occasion parfaite pour les artistes mais également pour des institutions publiques comme privées d’organiser des événements et des campagnes de sensibilisation grandeur nature dans toute la Capitale.
Alors, si vous les avez manquées, on vous propose aujourd'hui une petite rétrospective de notre top 3 des plus belles expositions engagées qu’il était possible de croiser dans les rues parisiennes.
N°1 : Le Climat au pied du Mur.
Le Street-Art dans sa dimension la plus simple, c’est le pari qu’a fait l’association CARE en Novembre dernier, en engageant cinq artistes de rue pour défendre leur cause directement sur les murs de la Capitale. L’objectif était de sensibiliser le public aux changements climatiques et surtout à l’impact de ceux-ci sur les populations du monde entier. « Le Climat au pied du Mur » s’est construit comme une exposition à ciel ouvert dans le 19ème Arrondissement de Paris entre le Canal St-Martin et le Canal de l’Ourcq et dispersée entre cinq zones stratégiques. S’associant au projet, l’Alternative Urbaine a organisé des visites gratuites des différentes fresques tous les samedis matin à 11h et pendant toute la durée de la Conférence des Nations Unies.
Pour FKDL, un des artistes ayant participé à l’exposition, le but n’est pas seulement de mettre en lumière les problèmes mais aussi de montrer que des solutions existent. Lui a décidé de le montrer en mélangeant peinture et collage et au travers de deux couleurs, le vert pour les problèmes et le bleu pour les solutions
Aurélie Ceinos, chargée mission climatique pour l’association Care voit le street-art comme : « un mode de communication qui nous permet de sortir de nos modes de sensibilisation habituels », d’atteindre des gens qui ne lisent pas la rubrique environnement des grands quotidiens, de « sortir des sentiers battus » et surtout de toucher les jeunes qui sont l’avenir de la planète et sont ceux qui vont faire face aux changements climatiques.
Care espère ainsi que ces fresques permettront à la fois de faire communiquer les générations mais aussi de rassembler toutes les classes sociales à une cause commune.
N°2 : Earth Crisis par Shepard Fairey.
Surtout connus pour ses graffs Obey Giant, le Street-artiste américain à cette fois mis son talent au service d’une œuvre bien plus colossale, exposée pendant seulement quelques jours en haut de la tour Eiffel. Son œuvre un globe de plus de deux tonnes et huit mètres de diamètre représente évidemment la terre. Fairey dit avoir utilisé un style rappelant celui des mandalas bouddhistes pour représenter sa beauté et son harmonie et y avoir ajouté des éléments dissonants caractérisant les dangers, pour l’environnement, de l’activité humaine, « C’est dans la droite lignée de ma philosophie créative : séduire et provoquer » explique-t-il.
Pour Shepart Fairey, utiliser le street art était évident mais pas seulement parce qu’il s’agit de son support habituel : « La force du street art, c’est de se placer au niveau des gens : lorsqu’il faut aller dans une galerie ou dans un musée, on réduit mathématiquement le nombre de personnes qui vont pouvoir être sensibilisées à une œuvre. Un espace public tel que la Tour Eiffel offre de fait une exposition immense. ». Hors à ces yeux, des événements mondiaux comme celui de la COP-21, sont l’occasion ultime pour les gens du monde entier d’afficher leur unité « plus que jamais, nous devons réfléchir et agir collectivement pour trouver des solutions », alors toucher le plus grand nombre de gens n’était pas seulement l’objectif de son œuvre mais sa signification propre.
N°3 : Ice Watch Paris par Olafur Eliasson.
S’éloignant encore un peu plus du cadre « traditionnel » du street art, la dernière œuvre de classement est pourtant bien une de celle qui attire irrésistiblement l’œil de part son côté décalé au cœur d’un environnement urbain. Ice watch Paris par Olafur Eliasson est une exposition plus qu’éphémère consistant en 12 blocs de glace pure arrangés en cercle dans la nuit du 03 Décembre 2015 place du Panthéon. Chacun de ces mini icebergs appartenaient au départ au glacier le plus connu du Groenland : le glacier Nuuk, mais se sont décrochés naturellement sous l’effet du réchauffement climatique pour tomber dans la mer. Olafur Eliasson en a fait un véritable cadran polaire au cœur de la Capitale Parisienne, témoin du compte à rebours écologique qui nous menace tous. Selon lui Ice Watch Paris ne devrait durer qu’à peu près cinq jours, « mais voir fondre ces sculptures de glace a un sens. Celui de nous faire saisir l'accélération d'un phénomène et sa réalité. Je crois en ce message pacifiste qui défend l'idée même de notre planète, à l'heure où Paris est en deuil. »
« Ce qui est beau, c'est de pouvoir ainsi toucher la glace. Ses aspérités ont été lissées par leur séjour dans la mer qui les a peu à peu érodées. Elle a une couleur extraordinaire qui fait rayonner la lumière de façon particulière et changeante. C'est à la fois d'une incroyable beauté et d'une incroyable poésie. Elle a aussi un son […] C'est toute une série de craquements profonds, une musique quasi surnaturelle.» Olafur Eliasson.
Aujourd’hui quelques jours seulement après de la COP-22 qui s’est tenue à Marrakech du 7 au 18 Novembre, il faut espérer que les différents pays participant arriveront à se mettre d’accord pour faire de la lutte contre le réchauffement climatique une de leurs priorités. En attendant, cet événement aura encore permis aux street-artistes de créer des œuvres aussi belles qu’éphémère pour célébrer et sensibiliser à l’harmonie fragile de notre planète.




